La musique éveille le temps – Daniel Barenboim

La musique éveille le temps – Daniel Barenboim
La musique éveille le temps – Daniel Barenboim
Fayard, 2008, 216 pages
« Ceci n'est pas un livre pour les musiciens, non plus que pour les non-musiciens ; il est destiné, plutôt, à l'esprit curieux désireux de découvrir les parallèles entre la musique, la vie, et cette sagesse qui devient audible pour l'oreille pensante. »
(Début de la 4ème de couverture rédigée par Barenboim).
Daniel Barenboim est un pianiste et un chef d’orchestre de renommée internationale. Si ce recueil d’essais est parfois pointu, Barenboim a néanmoins su aborder quantité de sujets de façon tout à fait lisible et surtout passionnante.
Surtout, sa pensée est inspirante, constructive, positive mais pas naïve. C’est une lecture qui élève sans pour autant que le ton en soit doctoral.
Daniel Barenboim nous parle certes de musique, mais aussi de ses relations avec la vie, de ce que la première peut apporter à la seconde, notamment en matière de relations humaines.
« … de façon générale, je pense que la musique doit être une leçon pour la vie, et non l’inverse. »
La musique n’est pas qu’émotion, elle est aussi compréhension ; elle nécessite un investissement de l’individu pour la comprendre, l’interpréter, l’habiter et toutes ces caractéristiques peuvent trouver un équivalent dans le quotidien. C’est ainsi que Barenboim, Israélien né en Argentine, évoque notamment sa collaboration avec Edward Said, Palestinien. Les deux hommes ont créé le West-Eastern Divan Orchestra afin de rapprocher de jeunes musiciens originaires de tous les pays du Moyen-Orient. Cette démarche peut sembler dérisoire mais Barenboim est convaincant. Et, preuve que cette initiative n’aura pas laissé insensible, Barenboim s’est vu remettre un passeport palestinien ; il a également reçu le prix Wolf à la Knesset.
Barenboim veut rendre à la musique la place qui lui revient, quand elle est souvent devenue un bruit de fond ne nécessitant pas une écoute. Il regrette que l’éducation musicale soit si bâclée, voire oubliée de nos jours et se réfère à Aristote qui estimait que la musique avait une puissance morale et que sa transmission aux enfants était donc nécessaire.
Bien que ce livre évoque parfois des questions purement musicales, il se veut ouvert à tous et ne se limite pas à ce sujet. D’ailleurs, même lors de passages à très forte connotation musicale, Barenboim élargit toujours le débat, créé des parallèles avec la vie étayant sa thèse et, rien que pour cela, ce livre peut intéresser bien plus de monde que l’on pourrait le penser au premier abord.
« … la musique est le miroir de la vie, car tous deux commencent et finissent dans le néant. » […] « … la musique est plus qu’un miroir de la vie ; elle est enrichie par la dimension métaphysique du son, qui donne la possibilité de transcender les limitations physiques, humaines. Dans le monde du son, même la mort n’est pas nécessairement définitive. »
Si la réconciliation des peuples et l’humanisme en général vous intéresse, vous ne pourrez que trouver votre bonheur dans ce livre, certes exigeant mais aussi très enrichissant.