Belfond, 2016, 224 pages
Ce recueil
de douze nouvelles est, selon la quatrième : « pure malt, sec
et bien tassé. » ; j’ajouterai qu’il est aussi
« râpeux ». A partir de situations plus ou moins courantes,
Frédérique Martin a envisagé le pire
en se plaçant la plupart du temps dans un
futur proche.
Ce sont en
effet pour la plupart des nouvelles d’anticipation dont les univers ressemblent
souvent un peu trop à la réalité : se débarrasser des vieux, des mourants,
commander son gamin sur catalogue, etc. L’auteur s’attaque également à
l’évolution politique des sociétés : l’exclusion des femmes de l’espace
public sous couvert de protection, le lavage de cerveau, la confiscation des
libertés : force est de constater que cela nous rappelle quelque chose.
Ce qui est
glaçant, c’est ce sentiment de
proximité, d’univers familier qui a dérapé. Personne ne doit sortir des clous,
au sein du couple, dans son quartier ; même gagner le gros lot est amer.
Le ton
annonce la couleur : on n’est pas là pour faire de sentiments. La première
nouvelle est particulièrement réussie, cynique à souhait.
Frédérique
Martin porte un regard acéré sur la société, ses dérives, nos faiblesses, nos
potentialités aussi : c’est très bien vu.
Il y a néanmoins
une note d’espoir dans de nombreux
textes. Elle nous vient des rebelles, ces gens qui en dépit du danger ne
renoncent pas à ce qu’ils sont et qui se battront jusqu’au bout pour préserver
des idéaux, des libertés. Cela se termine souvent mal pour eux mais ils redonnent confiance
en l’humanité : tout dépend de nous, nous ne sommes pas obligés de nous
laisser écraser sans rien dire.
Si l’orientation
futuriste de l’auteur peut être déstabilisante quand on a lu des textes
antérieurs, le résultat est souvent convaincant et réussi et le fond toujours
solide.
Un recueil
qui se dévore, à découvrir.
Ce livre m’a été transmis par l’éditeur.