La vie amoureuse de Nathaniel P. – Adelle Waldman
(The Love
Affairs of Nathaniel P., 2013)
Points, 2015,
331 pages
Traduction d’Anne
Rabinovitch
« Nate n’avait
pas toujours été le genre de type que les femmes traitent de connard. »
Nate est un trentenaire à qui la vie commence à sourire franchement. Fils d’immigrés roumains, il galérait jusqu’alors pour trouver
suffisamment de travaux pour des magazines. Mais il a perçu une avance pour
écrire un roman et il attend désormais d’être reconnu et admis dans l’élite
new-yorkaise. Cela le fait également paraître plus sexy auprès des femmes du
milieu de l’édition et il en profite. S’engager ne fait pas du tout partie de
ses projets (plutôt mourir). Le roman débute alors qu’il croise la route de
Hannah, femme belle et brillante.
Nate est l’archétype de l’homme qui ne veut surtout pas
perdre sa liberté et dont l’approche des relations amoureuses est immature. Il
aime séduire mais ne veut pas en assumer les conséquences ; il apprécie qu’une
femme soit suffisamment intelligente pour avoir une conversation avec lui
(parce qu’il est aussi imbu de sa personne) mais pas qu’elle puisse le
surpasser non plus ; surtout, il lui faut une copine peu exigeante,
sachant faire sa vie sans lui (car lui ne compte pas s’impliquer dans la
sienne), disponible, etc. Evidemment, ça finit toujours mal.
Pourtant, en dépit des défauts de Nate, j’ai eu du mal à beaucoup lui en vouloir. L’auteur a l’intelligence de laisser de l’air au lecteur pour que nous puissions nous faire notre propre opinion de son personnage. Les portraits des (ex)-amies de Nate sont fort intéressants eux aussi, même s’ils ne donnent pas une image très flatteuse des femmes (malheureusement, c'est dans certains cas fort réaliste).
C’est un roman facile et agréable à lire qui n’a l’air de
rien mais qui est pourtant très bien vu. Adelle Waldman a su restituer avec
justesse une époque, un lieu (la grande ville, le quartier branché), un âge et
une génération. Des hommes et des femmes à un âge charnière tant sur un plan
professionnel que personnel ; des personnes qui cherchent leurs marques
et, parmi eux, Nate qui ne veut renoncer à rien.
C’est drôle et frais aussi, crédible sans être assommant.
Voilà un livre très plaisant à lire, avec une certaine
profondeur dans l’analyse mais pas du tout barbant. Pour un premier roman, c’est
prometteur.
Ce livre a été lu dans le cadre du jury du meilleur roman
Points.